Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du CHU de Caen (France) - 06/09/13
Suicide attempt and work: Survey in the psychiatric emergency unit of Caen University Hospital (France)
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Résumé |
Objectif |
Cette étude a pour objectif de quantifier la part du travail dans les gestes suicidaires et de rechercher des facteurs du travail décompensateurs ou protecteurs.
Méthode |
La méthode utilisée est une enquête transversale descriptive monocentrique par entretiens individuels de salariés ayant fait un geste suicidaire et interrogés lors de leur séjour à l’unité d’hospitalisation de courte durée du CHU de Caen. L’entretien est basé sur un questionnaire comportant des variables quantitatives par échelle analogique, en lien avec des données qualitatives (données générales, données du travail, liens travail–hors-travail, données sur le geste suicidaire) et une reconstruction du parcours professionnel ayant précédé le geste suicidaire.
Résultats |
L’enquête incluant 70 patients révèle une population stable, en CDI dont les anciennetés dans l’entreprise et au poste de travail sont importantes. Pour ces salariés, la valeur du travail dans l’équilibre psychique et les attentes du travail sont majeures. Pour 40 % des salariés, le travail est l’élément principal de leur geste suicidaire, avec dans un cas sur deux la situation de travail comme origine unique du geste. Des idées suicidaires précédant le geste sont retrouvées dans 74 % des cas et un événement déclenchant est identifié pour 70 % des patients provoquant le passage à l’acte dans les 24heures pour plus d’un tiers des cas. La comparaison statistique de la population pour laquelle le travail est l’élément principal du geste versus les autres salariés ne montre pas de différence significative pour l’âge, le sexe, les antécédents psychiatriques, l’antériorité de geste suicidaire, l’âge de la première tentative de suicide ou la présence d’un événement déclenchant. Au travail, les attentes, l’estime de soi, l’intensité et les responsabilités ne sont pas différentes. Des différences significatives apparaissent en ce qui concerne le vécu global du travail, les difficultés au travail, les relations hiérarchiques et le délai du passage à l’acte dans les 24heures lorsqu’il existe un événement déclenchant au geste. L’analyse qualitative identifie des facteurs professionnels protecteurs du passage à l’acte et des facteurs décompensateurs. L’étude des parcours professionnels, quand la situation de travail est le facteur principal du geste suicidaire, permet de construire la dynamique temporelle des événements de vie au travail montrant une longue histoire de souffrance au travail ponctuée d’évènements communs.
Conclusion |
L’enquête montre ainsi la place centrale du travail en tant que protecteur ou décompensateur de la santé mentale et physique. L’interrogatoire « travail » avec ses différentes composantes doit donc être développé non seulement dans le cadre de patients suicidaires mais aussi de tout autre patient exerçant une activité professionnelle. Il va permettre, à la fois, la verbalisation du vécu du travail avec ses éventuelles difficultés et/ou ses éléments constructeurs de la santé, et le développement d’actions de prévention tant individuelles que collectives.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Purpose of the study |
The purpose of this study is to quantify the influence of work on suicide attempts and, within the same environment, to highlight protective factors or work-induced decompensation factors that may lead to a suicide attempt.
Method |
The study relies on a descriptive cross-sectional monocentric survey based on individual interviews of employees who actually made a suicide attempt. These interviews were conducted while they were being kept under observation in the Short-Term Hospitalization Unit of Caen University Hospital. Each interview is based on a questionnaire comprising analogue scale-rated quantitative variables, along with qualitative data (general and job-related data, links between the professional and private spheres, data on the suicide attempt itself) and a reconstruction of the chronology of professional events that preceded the suicide attempt.
Results |
Based on a 70-patient survey, the results show a steady population under permanent work contracts, whose seniority within the company and length of service in their job are high. For these employees, both the importance of work in their mental balance and their own performance expectations are high. For 40% of the employees in this survey, work is the main determining element leading to a suicide attempt and in half of these cases the work situation can be seen as the sole decisive factor leading to the attempt. Precursory suicidal ideations were found in 74% of cases and one triggering event caused 70% of patients to act, and this within 24hours for over one third of them. Statistical comparison of the population for whom work is the main triggering element versus other employees does not highlight any significant difference as to age, gender, psychiatric background, a previous suicide attempt, the age of the first suicide attempt or the existence of a trigger event. In the work environment, expectations, self-esteem, intensity and responsibilities are no different. Significant differences appear in the way work is experienced personally, in the difficulties the employee is confronted with at work, in the hierarchical relationships within the organization and the time elapsed within 24hours between the triggering event and the act. A qualitative analysis identifies professional factors that protect against suicidal attempts but also destabilizing factors. Studying career histories, when the work situation is the main factor leading to a suicide attempt, makes it possible to reconstruct the temporal dynamics of work-related events, thus bringing into relief a long history of work-related suffering interspersed with banal events.
Conclusion |
Thus, the survey shows how central work is as a protective or destabilizing element when dealing with mental and physical health. The “work” situational interview with its various components should be developed not only in the context of suicidal patients but also of any patient involved in a professional activity. Its aim is not only to let the interviewee verbalize his/her personal work-history involving possible difficulties and/or health promoting factors, but also to promote individual and collective suicide prevention awareness actions.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Tentative de suicide, Pensées suicidaires, Santé mentale, Travail, Salariés
Keywords : Suicide attempt, Suicidal ideation, Mental health, Work, Employees
Plan
Vol 74 - N° 4
P. 359-368 - septembre 2013 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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